Antes de exponer de los orígenes de los fenicios y antes de sitúar Fenicia en su contexto geográfico y político de la época, es interesante saber cómo se ha manifestada el interés de los investigadores hacia esta civilización.
Selon l'historienne Nina Jidejian(1), au XIX° siècle, l'archéologie était le passe-temps favori des diplomates et des collectionneurs. A cette époque, aucun contrôle ne s'exerçait sur les trésors archéologiques découverts au hasard et ceux-ci étaient nombreux à quitter le pays d'origine en direction des musées étrangers et des galeries d'art.
Aimé Péretié, chancelier du Consulat général de France à Beyrouth, fut l'un de ces "archéologues amateurs". Le 20 février 1855, en fouillant à Magharat Tabloun (le site de l'ancienne nécropole de Sidon), son contremaître découvre le sarcophage d'Echmounazor, roi de Sidon au V° siècle av. J.C. Sur le couvercle se trouvait une inscription de 22 lignes contenant une malédiction à l'encontre de quiconque troublerait son repos éternel. Pendant que le gouverneur ottoman de Sidon postait un gardien sur le site, les consuls anglais et français discutaient du droit de possession des nouvelles découvertes. Albert de Luynes, membre de l'Académie des Inscriptions et des Belles-Lettres ainsi que de l'Académie royale de Berlin, mit fin à la querelle en dissuadant Péretié d'offrir ce trésor à la France. C'est ainsi que le sarcophage devint la propriété officielle de la France et il trône actuellement dans les salles phéniciennes du musée du Louvre.
L'attention du monde érudit se porta alors sur la côte libanaise. Napoléon III chargea, en 1860, Ernest Renan, spécialiste de philologie sémitique, de présenter un rapport sur les sites antiques de Phénicie. Des fouilles débutaient à Tyr (Sour), Sidon (Saïda), Byblos (Jbayl) et Arwad (l'île de Rouad). Les résultats des recherches furent publiés dans un ouvrage monumental intitulé Mission en Phénicie et qui paru en 1864.
L'intérêt grandissant pour ces nouvelles richesses provoqua une série de pillage ce qui amena les autorités ottomanes (Le Liban faisait partie de l'Empire ottoman de 1516 à 1918), en 1874, à intervenir sur les fouilles interdisant l'envoi d'antiquités à l'étranger. Elles furent, désormais, destinées au musée impérial d'Istambul.
Après la première guerre mondiale et avec l'attribution par la Société des Nations (S.D.N.) du mandat de la Syrie et du Liban à la France, les autorités mandataires s'activèrent pour organiser et coordonner les fouilles ainsi que la mise en place des institutions archéologiques. Grand fut le nombre des chercheurs et de toutes les nationalités. Nous avons choisi de retenir les noms de deux d'entre eux qui marquèrent par leur dévouement et leur sérieux dans la recherche archéologique contemporaine : un français Maurice Dunand et un libanais Maurice Chéhab.
Maurice Dunand (1898 - 1987), arrivé en 1924, se consacra aux fouilles des divers sites phéniciens, plus particulièrement ceux de Byblos (succédant à Pierre Montet) où il dirigea plus de 44 campagnes de fouilles jusqu'en 1959. Le site de Byblos devint, grâce à ses efforts, le seul du Proche-Orient à avoir été fouillé intégralement, de l'époque des croisés jusqu'aux premiers témoignages de son occupation au VI° millénaire av. J.C..
L'émir Maurice Chéhab (1904 - 1994), descendant de l'une des plus grandes familles du Liban, est le fondateur des institutions archéologiques du pays. Il organisa, dès 1936, les structures du service des Antiquités libanaises, administration centrale et inspections régionales, dont il fut le directeur jusqu'en 1982. Sa grande œuvre a été la fouille de Tyr, dont il a méthodiquement étudié les monuments d'époque romaine.
Dans les années qui ont précédé la guerre civile au Liban, la collaboration internationale a permis d'entreprendre quelques grands chantiers : Les fouilles de Kamed el-Loz, dans la Béqa' méridionale (équipe allemande : 1964-1981), à Tell 'Arqa, dans la plaine du Akkar au Nord (IFAPO/Institut Français d'Archéologie du Proche-Orient : 1972-1979), à Sarepta (mission archéologique de l'Université de Philadelphie : 1969-1974), ...
A l'archéologie de la terre, s'ajoute celle de la mer. En 1934, le père Antoine Poidebard et l'architecte Jean Lauffray combinent les prospections aérienne et sous-marine pour explorer les ports de Tyr et de Sidon. Ce type de Sondage était voué à un grand avenir mais, peu après 1975, l'intensification de la guerre civile étouffa l'activité des chantiers(2).
Depuis la fin de la guerre, la restructuration de la Direction Générale des Antiquités et le recrutement de plusieurs archéologues ont permis de renouer avec la recherche. Celle-ci se manifesta avec le vaste projet au centre ville de Beyrouth ainsi que la relance d'une série de fouilles dans les diverses régions libanaises.
Les limites du territoire phénicien, ancien pays de Canaan, ont souvent varié au cours des siècles. D'après les textes bibliques, Canaan est le territoire, de délimitation incertaine, qui s'étendait entre Ougarit au Nord et le mont Carmel au Sud. Les premières mentions de Canaan apparaissent dans l'inscription d'Idrimi (roi du territoire d'Alalakh, l'actuelle Tell Atchana sur la bouche de l'Oronte) vers le milieu du XV°siècle av. J.C. ainsi que dans les lettres d'el-Amarna (archives pharaoniques).
Près de 1000 ans plus tard, Hécatée de Milet affirmait que la Phénicie s'appelait Chna, c'est-à-dire Canaan. Pour l'évangéliste Matthieu, Canaan était le territoire de Tyr et de Sidon. Il paraît impossible de savoir quand eut lieu cette identification du territoire phénicien au pays de Canaan(3).
Pour les Grecs du VII° siècle av. J.C., qui utilisèrent les premiers le nom de Phénicie, le territoire s'étendait sur la zone côtière comprise entre le mont Casius au nord et Haïfa au sud. A l'intérieur de cette zone, les cités d'Ougarit (Ras-Shamra), d'Arwad, de Byblos (Jbeil), de Béryte (Beyrouth), de Sidon (Saïda), de Tyr (Sour) et d'Akka, constituaient des centres urbains d'une certaine importance. La Phénicie occupait alors cette bande côtière, entre la montagne libanaise et la mer Méditerranée. Un espace varié entre sites portuaires, petites plaines ainsi qu'un arrière-pays de montagne, où poussent les cèdres. La circulation n'était pas facile, tant vers l'arrière-pays que l'on ne pouvait atteindre qu'en traversant deux chaînes de montagnes escarpées, que le long de la côte elle-même, où la montagne plonge parfois directement dans la mer.
Les origines des phéniciens appartiennent à l'archéologie autant qu'à la légende et à la mythologie. Ce peuple courageux, installé sur les côtes de l'actuel Liban, affirma ses qualités de marins au cours du II° millénaire avant notre ère et entreprit la conquête des mers du monde entre le XIII° et le IX° siècle av. J.C..
Leur poursuite du soleil poussa certains à croire à un lien particulier avec la légende du Phénix, l'oiseau mythique qui cherche à atteindre le soleil, se brûle les ailes et renaît de ses cendres. Comme le phénix, ils ont sillonnés les mers à la recherche des richesses et le soleil brûla leurs peaux devenues rouges sans pour autant ralentir leur amour du large. Mais qui étaient en réalité ces hommes nommés aussi "hommes rouges" ? Plusieurs théories furent présentées et défendues, chacune essayant d'expliquer, par ses propres arguments, l'origine de cette appellation. Nous exposons quelques unes d'entre elles.
Certains historiens(4) précisent qu'on réserve en général le nom de Phéniciens au peuple qui habitait la côte de l'actuel Liban à l'âge de fer, entre les invasions dites "des Peuples de la Mer" qui ont bouleversé la région vers 1180 av. J.C., et la conquête par les armées d'Alexandre en 332 av.J.C. C'est à cette période et particulièrement dans les sources grecques que le terme "Phéniciens" fut utilisé.
Les Grecs leur ont donné ce nom (du grec phoĩnix), les désignant soit par rapport à la teinture de pourpre, dont les artisans phéniciens s'étaient fait une sorte de spécialité, soit pour la couleur de leur peau qui leur auraient paru "cuivrée".
Une autre théorie, moins répandue et assez controversée(5), évoque la tradition légendaire (II° millénaire av. J.C.), d'un peuple originaire du fond de l'Arabie, qui s'appelait lui même "le peuple rouge" : les Himyarites, venu s'installer sur l'étroite bande de terre entre la Méditerranée et les monts du Liban.
On retrouve en effet, dans Himyars, Himyarites, la racine H.M.R qui exprime encore de nos jours, en arabe, la couleur rouge. Ils auraient donné aussi leur nom à la mer Rouge qu'ils fréquentaient et qu'ils ont dû longer dans leur longue migration vers l'ouest. Leur langue (appelée aussi sudarabique ancien) et leur écriture monumentale semblent avoir certains rapports avec les alphabets phénicien et arabe.
Leur royaume fut désigné par les Egyptiens sous le nom de "Pays de Poun". Poun, Pouaniti, Poeni et Puni sont les mêmes mots pour désigner aussi bien les Phéniciens que, par la suite, les Puniques de Carthage. Les Himyars ont d'ailleurs été les précurseurs des Phéniciens en organisant déjà - avant de venir s'installer sur le littoral du Liban - le commerce maritime avec l'Inde, l'Arabie et l'Afrique, en découvrant le fabuleux royaume d'Ophir que l'on n'a jamais réussi à identifier, en construisant des maisons tout en hauteur avec de nombreux étages, comme le seront plus tard celles de Tyr.
Le pays où ils se fixèrent, ce passage entre la mer et les monts du Liban, était déjà peuplé par des tribus sédentaires cananéennes. Ces derniers excellaient dans l'art de l'agriculture, la Bible nous fait rêver parfois par ses descriptions du pays de Canaan, pays qui comprenait la plupart des hautes et basses plaines fertiles du Liban d'aujourd'hui. Une race nouvelle se forgea alors, peu à peu, et créa, en différents points de la côte, des cités très actives, véritables traits d'union entre le commerce maritime et l'exploitation agricole. Un nouveau peuple, aux caractéristiques propres, héritier de l'esprit d'entreprise des Himyarites et de la solidité des rudes agriculteurs cananéens, était né : les Phéniciens.
Cette hypothèse rejoint les idées avancées par certains auteurs anciens tel Strabon, qui s'est servi des informations apportées par Androsthènes, l'explorateur d'Alexandre le grand, pour dire que les Phéniciens seraient originaires du Golfe. Justin, l'historien romain, écrit de son côté que les Phéniciens furent forcés de quitter leur territoire à cause d'un tremblement de terre et de s'installer pour quelque temps "ad Syriam stagnum" (peut-être la mer Morte) avant de fonder leurs villes sur la côte. Hérodote, lors de sa visite à Tyr vers 450 av. J.C., apprit que la fondation de la ville remontait à 2300 ans en arrière donc vers 2750 avant notre ère, et il affirma que ses habitants étaient arrivés de la mer d'Erythrée (qui pour les anciens correspondait à la mer Rouge, au Golfe et à une partie de l'océan Indien).
Dr. Pierre Zalloua, doyen de la Faculté de pharmacie à la LAU (Lebanese American University) et professeur de génétique, a mené des recherches sur les liens génétiques entre les différentes populations méditerranéennes et celles du Moyen-Orient. Cette étude approfondie faisait partie du projet Genographic et fut subventionnée par la National Geographic Society.
Malgré ces multiples explications, une chose est sûre, les habitants de la côte tenaient à leur autonomie, se définissant par leur appartenance à leur cité : Tyriens (Tyr), Sidoniens (Sidon), Giblites (Gebal / Byblos), ... Ce sont les sources étrangères qui les unifièrent et les dénommèrent Canaanéens (La Bible) et puis Phéniciens (Sources grecques).
(1) | Cf. Collectif, Liban, l'autre rive, IMA - Flammarion, Paris, 1998, "L'archéologie au XIX° siècle" par Nina Jidejian, p.23. | Retour texte |
(2) | Cf. F. Briquel-Chatonnet & E. Gubel, Les Phéniciens. Aux origines du Liban, Découvertes Gallimard, Paris, 1998, p.32. | Retour texte |
(3) | Cf. A. Gras P.Rouillard & J. Teixidor, L'univers Phénicien, Arthaud, Paris, 1989, p.27. | Retour texte |
(4) | Cf. F. B.-C. & E. G., op.cit., p.15. | Retour texte |
(5) | Cf. J. Mazel, Avec les Phéniciens à la poursuite du soleil sur la route de l'or et de l'étain, Robert Laffont, Paris, 1968, p.25. | Retour texte |