Les cités phéniciennes, cités maritimes marchandes, avaient établi des relations commerciales avec la plupart des cités antiques du pourtour méditerranéen. Les ventes et achats s'effectuaient sur la base du troc : échange de marchandises tel les tissus en pourpre, les bijoux, les objets d'art contre des matières premières ou des vivres pour le ravitaillement des navires.
La monnaie, constituée de pièces d'or, d'argent et de bronze, n'apparaît qu'à l'époque achéménide. Invention des Lydiens ou des Grecs au VI° siècle avant JC, elle fut diffusée dans l'empire perse à l'époque de Darius Ier qui fit frapper une monnaie à son effigie : la darique. L'émission de monnaies dans les cités phéniciennes fut étroitement liée à cette période.
A Sidon, la plus ancienne monnaie remonte à 450-435 av. J.C.. Elle fut frappée en argent et porta sur une des faces la représentation d'un navire et sur l'autre le motif d'un roi trônant sur un char à côté d'un aurige et suivi, à pied, par un troisième personnage qu'on suppose être le roi local vêtu en grand prêtre. Sous le règne de Baalshamin Ier (435-430 av. J.C.) apparaissent les premières abréviations en lettres phéniciennes des noms royaux et sous le règne d'Abdashtart Ier (375-362 av. J.C.) arrive le numéraire en bronze à côté de la monnaie argent tout en gardant les mêmes modèles et représentations.
Dans la grande métropole, Tyr, la monnaie fit son entrée à la même époque (période perse) mais l'influence achéménide fut moins expressive sur les pièces. Les pièces frappées à Tyr adoptèrent des figurations d'inspiration égyptienne : les motifs de la chouette avec le flagellum et le spectre, ainsi que les représentations de divinité maritime enfourchant un cheval de mer, l'hippocampe ailé. La première phase des émissions se situe entre 435-400 av. J.C.. Elle fut marquée par les symboles de la cité : le murex, le dauphin et le cèdre.
A Byblos, la première monnaie remonte à 425av. J.C.. Là aussi l'influence égyptienne est dominante, vu les relations privilégiées qui unissaient cette cité aux pharaons d'Egypte. Sur les pièces nous retrouvons le sphinx portant les doubles couronnes égyptiennes (le pschent) et au revers une fleur de lotus. Sur certaines des pièces nous lisons la formule phénicienne mlk gbl qui signifie le roi de Gebal (Byblos).
L'apparition du numéraire ne fut certainement pas limitée à ces trois cités, les archéologues ont également retrouvé des pièces à Arados (la cité maritime d'Arwad au nord, entre Byblos et Ougarit ) et à Kition (sur l'île de Chypre) étroitement liée à la dynastie tyrienne. Il est toutefois indispensable de préciser qu'une grande quantité de pièces fut retrouvée dans les comptoirs commerciaux : à Carthage, en Sicile, en Sardaigne, à Cadix, ... Toutes ces pièces récupérées sur tel ou tel site avaient la particularité de privilégier les éléments maritimes (bateau, cheval de mer, dauphin, thon, ...) quoiqu'il y eut aussi d'autres éléments (des divinités comme le dieu Melqart ou le cheval symbole de courage et de puissance). La monnaie refléta également les richesses des cités : le murex et le cèdre.