Chargé par le grand prêtre du temple d'Amon à Thèbes d'aller se procurer du bois de cèdre pour la construction de la barque d'Amon, Ounamon arrive à Byblos où il attend d'être reçu par le roi. Mais, en route, il fut attaqué et dépouillé de ses lettres d'accréditation et de ses cadeaux.
Quant le matin fut arrivé, il m'envoya chercher et me fit conduire tandis que le dieu reposait au bord de la mer dans la tente où il se trouvait. Je trouvais le prince assis dans la chambre haute, le dos tourné à une fenêtre pendant que les vagues de la grande mer de Syrie coulait à la hauteur de sa nuque.
Alors je lui dis : "Qu'Amon te bénisse !".
Il me dit : "Combien de temps s'est écoulé jusqu'à ce jour depuis que tu es parti de la résidence d'Amon ?"
je lui dis : "Cinq mois jusqu'à maintenant."
Il me dit : "Vois, es-tu véridique ? Où est le document d'Amon qui doit-être dans ta main ? Où est la lettre du grand prêtre d'Amon qui doit être dans ta main ?"
Alors je lui dis : "Je les ai donnés à Smendès et à Tentamon."
Alors il s'indigna très fort et me dit : "Vois, tu n'as avec toi ni document, ni lettre. Où est le navire en bois de sapin que t'as donné Smendès ? Où est son équipage syrien ? Ne t'as t-il pas remis à ce capitaine de navire étranger pour qu'il te tue et qu'on te jette à la mer ? Auprès de qui aurait-on chercher le dieu ? Et toi-même, auprès de qui t'aurait-on cherché ?"
Ainsi me parla t-il et je lui répondis : "N'est-ce pas un navire égyptien ? ceux qui rament pour Smendès constituent un équipage égyptien. il n'y a pas d'équipage égyptien."
Il me dit : "N'y a-t-il pas ici dans mon port vingt navires qui se trouvent en relations d'affaires avec Smendès ? Et à Sidon où tu dois également passer, n'y a t-il pas aussi cinquante navires qui sont en relations d'affaires avec Werkater et qui se dirigent vers sa maison ?"
Je me tus pendant un long moment, puis il reprit et me dit : "Avec quel ordre es-tu venu?"
Alors je lui dis : "Je suis venu pour du bois pour la grande et auguste barque d'Amon-Rê, le roi des dieux. Ton père l'a procuré, ton grand-père l'a procuré et tu le procureras également.". C'est ainsi que je lui parlai.
Il me dit : "Ils l'ont procuré vraiment, et si tu me donnes quelque chose pour que je le procure, alors je te procurerai ce bois. En vérité, les miens ont exécuté cet ordre, mais alors le pharaon, vie, santé, force, avait envoyé six bateaux qui étaient chargés de biens de l'Egypte et qu'on déchargea dans leurs magasins. Mais toi, que m'as-tu apporté ?".
Il envoya chercher le rouleau des jours de son père et il me le fit lire. On trouva 1000 deben d'argent pour les choses les plus diverses qui étaient dans son rouleau.
Il me dit : "Si le seigneur de l'Egypte était le maître de mes biens et moi son vassal, il n'aurait pas envoyé de l'argent et de l'or avec ces mots ? : 'Exécute l'ordre d'Amon.'. Ce n'était pas un cadeau royal qu'ils présentaient à mon père. Mais moi je ne suis pas ton vassal et je ne suis pas le vassal de celui qui t'a envoyé. Quand je tonne au Liban, alors le ciel s'ouvre et les troncs d'arbre sont couchés ici au bord de la mer. (...)".
Alors je lui dis : "(...) il n'y a aucun navire sur le fleuve qui n'appartienne pas à Amon. A lui la mer ; à lui le Liban dont tu as dit : "il m'appartient (...) Mais toi, tu te tiens là et tu marchandes le Liban à Amon, son maître (...)"
Il remit une lettre à son messager et il chargea la quille (?), la tête d'avant et la tête d'arrière à côté de quatre autres poutres équarries, sept en tout, et il les envoya en Egypte.
Son messager qui était allé en Egypte revint vers moi en Syrie au premier mois de l'hiver avec ce que Smendès et Tentamon avaient envoyé : quatre cruches et un vase kkmn en or ; cinq cruches d'argent ; dix pièces d'étoffe en lin royal ; dix ballots de bon lin de Haute-Egypte ; 500 rouleaux de nattes ; 500 peaux de boeufs ; 500 cordages ; 20 sacs de lentilles ; 30 corbeilles de poissons. Mais on m'avait apporté cinq pièces d'étoffe en bon lin de Haute-Egypte ; cinq ballots de bon lin de Haute-Egypte ; un sac de lentilles ; cinq corbeilles de poissons.
Alors le prince se réjouit et il commanda 300 hommes et 300 bœufs et il plaça sur eux des surveillants pour faire abattre les arbres. On les abattit et ils passèrent l'hiver, étendus sur place. Au troisième mois de l'été on les traîna sur le bord de la mer.